Compte rendu de la rencontre de Carton Rouge avec Olivia Polski, le 15 décembre 2016

Paris, le 15 décembre 2016

Compte-rendu de la rencontre d’une délégation d’habitants du 20e arrondissement, reçue par Olivia Polski, adjointe à la maire de Paris, en charge du Commerce et de l’Artisanat, pour un aménagement concerté de la réaffectation de l’ancien Rectorat de Paris, 92-98 avenue Gambetta, Paris 20e

 

Étaient présents : Christian Le Lann, commerçant du 20e, ancien président de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Paris ; Bertrand Bellon, président de l’association du Ratrait et ayant reçu mandat de la présidente des Ateliers de Ménilmontant Annette Jalilova ; Annie Neyret, présidente de l’association Surmelin Saint-Fargeau Environnement ; Jean-Baptiste Salachas, président de l’association La Py qui Chante Au Coin Du Bua ; François Lurot, président de l’association Carton Rouge.

La délégation a été reçue par Olivia Polski et sa cheffe de cabinet Nadège Dupont.

 

DÉBATS ET RÉPONSES

Christian Le Lann, qui rappelle être président d’associations de défense des artisans parisiens, s’inquiète d’une politique de désertification du commerce à Paris, menée par la grande distribution. Il invite les élus à une protection du commerce et de l’artisanat et condamne la signature en décembre 2015 de la convention tripartite CVI-Carrefour-Mairie du 20e, accueillant un supermarché Carrefour avenue Gambetta.

Olivia Polski affirme qu’aucune action de la Ville ne peut désormais empêcher l’installation de ce supermarché Carrefour avenue Gambetta, les choses étant contractées entre deux acteurs privés.

Christian Le Lann, prenant acte de cet accident de parcours, souhaite cependant continuer à travailler avec madame Hidalgo pour stopper désormais l’essor de la grande distribution à Paris. Il faut, selon Christian Le Lann, maintenir le choix pour les consommateurs entre grande distribution et petits commerçants. Mais l’action de la Semaest, émanation de la Ville pour aider à l’installation de petits commerces, ne doit plus être remis en question par Carrefour avec des supermarchés en ville. Christian Le Lann reste président d’honneur de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Paris et il veille à ce titre à ce que celle-ci soit désormais sensible à ces évolutions, il garde une totale confiance dans l’action future de la Chambre pour faire en sorte que cela [l’installation d’un supermarché Carrefour] ne se reproduise plus à Paris.

Annie Neyret a participé à l’élaboration du dernier PLU (plan local d’urbanisme) à Paris. Le supermarché Carrefour met à terre l’engagement de protection du petit commerce contenu dans le PLU et soutenu par des associations comme la sienne.

Bertrand Bellon estime que le 20e est un arrondissement vivant, qui fonctionnait bien avec son centre des Amandiers, Confluences, ses associations et ses commerces. Il faut réparer et préserver cette vitalité aujourd’hui mise en danger.

Christian Le Lann fait un point sur les éventuels développements dans les médias, citant un article paru le 14 décembre sur le site d’information Mediapart.

Jean-Baptiste Salachas rappelle les engagements des élus et cite notamment le blog d’Olivia Polski pour la défense et le développement du petit commerce qui dessine le « paysage de nos rues » :

http://olivia-polski.fr/paris-a-loffensive-pour-ses-commerces-par-pierre-hivernat/

« La Ville de Paris à travers les actions de sa délégation œuvre à la valorisation d’un tissu commercial équilibré et diversifié. Un réseau de commerce varié est essentiel à la cohésion du tissu social, au paysage urbain, au vivre-ensemble, au lien social et à la sécurité. Notions qui résument la qualité de vie d’un quartier »

JBS précise que ces notions sont exactement celles qui sont à l’origine de la création et des actions des habitants et associations regroupées dans « Carton rouge », donc que la Mairie de Paris ne peut que concourir à faire évoluer la situation dans l’intérêt général des habitants.

Olivia Polski justifie l’acceptation de l’arrivée du Carrefour avenue Gambetta par le travail [de lobbying] entrepris de nos jours de manière générale par les grandes enseignes très en amont, qui séduisent les élus notamment en promettant de l’emploi.

François Lurot rappelle qu’il est de notoriété publique que l’arrivée d’un supermarché en ville crée 90 emplois pour en détruire plus de deux cents dans le petit commerce alentour.

Christian Le Lann acquiesce et souligne que les emplois du petit commerce sont plus qualifiés et mieux payés que ceux des grandes enseignes.

Olivia Polski rappelle que la Ville s’est cependant opposée à l’extension d’un Carrefour dans le 14e

Jean-Baptiste Salachas rappelle que le Carrefour du 20e a été autorisé par la CDAC (Chambre départementale d’aménagement commercial) en se basant sur une étude de la zone de chalandise datant de 2005.

Olivia Polski estime que depuis 2005 la population a augmenté de 9 % et va encore augmenter dans les années qui viennent, ce qui explique la décision pour le Carrefour.

Annie Neyret et Jean-Baptiste Salachas rappellent cependant le retard et le déficit d’équipements sociaux et culturels dans le 20e pour accompagner cette évolution (comparaison faite avec la plupart des autres arrondissements parisiens et compte tenu du bien plus grand nombre de logements sociaux construits ces dernières années dans notre arrondissement).

Olivia Polski évoque l’existence dans le projet d’un local voué à l’activité associative.

François Lurot estime que cela est sous-dimensionné [20 m2 !!] par rapport aux besoins socio-culturels et aux besoins des associations.

Olivia Polski constatant que le projet est « plié », prononce un « mea culpa » et annonce que, à la lumière de cet enseignement, la Ville a œuvré pour faire réformer le statut de Paris par la CDAC. Cette dernière serait saisie désormais pour des projets de construction commerciale dépassant 400 m2. Ce changement est en passe d’être effectif. Si l’affaire du supermarché du 20e a contribué à cette évolution, pour ce qui est de faire évoluer le projet avenue Gambetta, il faut maintenant voir avec Carrefour. Noter qu’un contentieux est en cours [NB : Nous n’avons pas rebondi sur cette information au sujet de laquelle il faudra se renseigner. S’agit-il des poursuites contre l’enseigne Carrefour dont les media ont rendu compte au mois de novembre ou d’un contentieux ciblant le futur Carrefour-Rectorat ?]

Christian Le Lann invoque la responsabilité de la maire du 20e, qui n’a pas dit la vérité aux commerçants et aux associations.

François Lurot demande à Olivia Polski que la Ville utilise son droit de préemption des baux via la Semaest et son opération Vital’Quartier, qui concerne notamment la zone du Nord 20e.

Olivia Polski rétorque qu’une fois signé avec Carrefour, le bail ne peut plus être préempté. Cependant, les trois autres surfaces peuvent faire l’objet d’une évolution à étudier avec la mairie du 20e, la Délégation de la Ville au Commerce et à l’Artisanat pouvant soutenir, intervenir. Madame Calandra a déjà annoncé qu’il s’agirait d’activités artisanales. La Délégation d’Olivia Polski peut intervenir pour exiger des loyers accessibles, il faut discuter.

François Lurot évoque également une intervention sur les 18.000 m2 de bureaux destinés, selon la convention tripartite, à accueillir une administration publique, et il demande à Olivia Polski d’organiser une rencontre avec les adjoints de la Ville à l’Urbanisme (Jean-Louis Missika) et à la Culture (Bruno Julliard).

Olivia Polski estime que cette destination à une administration publique n’est pas certaine et obligatoirement déjà en marche. Selon elle, les promoteurs sont coutumiers du fait d’acheter et de construire sans certitude de louer… Elle nous invite à nous rapprocher de Jean-Louis Missika, adjoint à l’Urbanisme, via Olivier Renard, son directeur de cabinet, coordinateur de l’opération d’urbanisme de la Porte de Montreuil. En effet, l’arrivée du Carrefour avenue Gambetta pourrait être le pendant d’une réaffectation des locaux du Carrefour de la porte de Montreuil, situé sur l’emprise de la Ville de Paris, et non pas à Montreuil. Olivia Polski va annoncer à M. Missika notre demande d’entretien.

Olivia Polski nous invite derechef à nous rapprocher de Frédérique Calandra pour évoquer l’utilisation des trois « cellules » du projet à côté du Carrefour, qui pourraient être dédiées à des artisans ou à des associations. La Délégation au Commerce et à l’Artisanat s’engage, si besoin, à trouver des preneurs et à agir sur le prix des loyers.

Olivia Polski nous invite également à nous rapprocher de Bruno Julliard, Premier adjoint, délégué aux relations avec les mairies d’arrondissement, adjoint à la Culture, pour évoquer avec lui et Mme Calandra les besoins du 20e en équipements culturels qui pourraient prendre place dans les locaux du projet, pour l’heure destinés aux bureaux.

Olivia Polski évoque enfin une réunion à venir réunissant Carrefour, CVI et les élus de la majorité du 20e pour évoquer le projet dans sa globalité.*

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Nous avons remis à Olivia Polski nos pétitions contre le projet du Carrefour avec trois mille signatures, ainsi qu’une cinquantaine de lettres adressées à elle et à Anne Hidalgo, et enfin une carte (à jour, et non pas datant de 2005) recensant les enseignes de la grande distribution dans le 20e.

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(*) A l’issue de ce rendez-vous, nous avons posé la question à Frédéric Guerrien, élu du 20e, qui a confirmé l’information : la réunion devait se tenir le semaine dernière mais a été reportée en janvier. Cette réunion ne concerne que les élus de la majorité.

Par ailleurs, Frédéric Guerrien nous conseille de voir également Jean-François Martins, adjoint aux Sports, et Georges-Pau Langevin, notre députée.

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